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18/12/16 | 23 h 10 min

LARUNG GAR : Les autorités chinoises restreignent l’accès d'étudiants bouddhistes à l’Université tibétaine de Larung Gar

Des moines et des nonnes attendant d’être déportés de Larung Gar. Photo non datée.

Interdiction d’accéder au site pour les touristes et visiteurs. L’accès au site est même contrôlé pour les étudiants potentiels à Larung Gar par les autorités du Comté. « Il faudra demander la permission d’accéder au site aux autorités du Comté de Serthar ou au Comité de contrôle des affaires religieuses » nous a informé l’officiel contacté par téléphone. « Mais la police fera une enquête politique à votre sujet, et si elle ne révèle rien de suspect, alors un permis vous sera accordé » continue l’officiel. « Par le passé, n’importe qui pouvait aller étudier là-bas, mais aujourd’hui l’Université a pris de l’importance et les autorités en prennent le contrôle graduellement ». « Aujourd’hui, seuls ceux ayant reçu l’autorisation du Comité local et de l’antenne locale du Parti peuvent aller y étudier » nous confirme l’officiel. Il ajoute que ceux qui n’étaient ni moines, ni nonnes, n’auraient aucune chance d’avoir l’autorisation d’accéder au site. « L’objectif à terme est d’évacuer la totalité de la population du site, y compris les moines et les nonnes ». « Vous pouvez toujours aller voir la police mais ils ne donnent des permis qu’aux moines et nonnes de l’Université. » Il ajoute que les touristes et visiteurs sont actuellement interdits d’accès à l’Université de Larung Gar. « Pourquoi donc iraient-ils là bas ? Vous n’aurez pas d’autorisation si vous y allez pour le tourisme ou juste une visite pour explorer le site ». « Ce n’est même pas garanti que vous obteniez une autorisation si vous y allez pour étudier les textes bouddhistes ». Un autre officiel contacté par téléphone nous a confirmé la position du Gouvernement. « Vous désirez étudier à Serthar ? Il n’y a plus de cours à Serthar de nos jours ». En parallèle, de nombreux moines et nonnes expulsés de Larung Gar ont été soumis à une rééducation patriotique suite à leur expulsion. Des vidéos de ces prétendues classes sont entrées en possession de RFA (Radio Free Asia) et nous pouvions y voir des nonnes bouddhistes chanter des hymnes à la gloire du Parti Communiste Chinois et danser des danses traditionnelles tibétaines. L’auteur tibétain Li Xianke résidant à l’étranger nous informe qu’il est aujourd’hui difficile d’obtenir des informations concrètes sur la situation à Larung Gar ou d’autres centres d’enseignements tibétains.

Situation hors de contrôle

« Les moyens de communications sont coupés, nous ne savons donc pas ce qui s’y trame » nous renseigne Li. « J’ai également entendu dire que si la Communauté internationale se faisait écho de ce qui se passe à Larung Gar, les autorités chinoises s’en serviraient comme prétexte pour durcir le traitement infligé aux étudiants expulsés de Larung Gar ». « La situation est hors de contrôle ». Li Xianke nous a parlé de suicides non confirmés en protestation des évictions à Larung Gar. Beaucoup d’entre eux étudiaient pour un diplôme traditionnel Khenpo en Bouddhisme Tibétain qui requiert 13 ans d’études. Entre 4 000 et 5 000 personnes étaient logées dans le monastère et que plus de 10 000 personnes résidaient dans les demeures de fortune adossées aux flancs des collines surplombant l’Université. « Les officiels tibétains locaux doivent avoir un certain ressenti par rapport à ces agissements mais ils doivent composer avec le Parti Communiste » ajoute Li. « Mais ils ne peuvent protester d’aucune manière, au premier signe de dissension, ils perdraient leur poste pour ne pas suivre les directives du parti. » Article de Wong Siu San et de Goh Fung pour l’antenne cantonaise de Radio Free Asia. Traduction anglaise Luisetta Mudie. Traduction Brice Baillif pour France Tibet]]>