Le premier site d'actualit? sur le Tibet

www.tibet.fr

01/10/21 | 9 h 09 min par ONG ouïghours

PARIS BASTILLE Grande Marche du peuple ouïghour Samedi 02 octobre 2021 14h

Selon des experts étrangers, un million d’Ouïgours ont été placés en détention dans des camps de rééducation politique ces dernières années. (GREG BAKER/AFP)

Pour faire entendre la voix du peuple ouïghour

Au lendemain de la fête nationale chinoise, une grande marche aura lieu à Paris, samedi 2 octobre, à l’appel des ONG de la diaspora ouïghour, pour exiger la fin du génocide des Ouïghours.

Par L’Obs

Temps de lecture 5 min

Les Ouïgours sont une population turcophone, autochtone au Turkestan oriental, aussi appelé « Xinjiang » − nom chinois de cette région, qui signifie « nouveau territoire » ou « nouvelle colonie ». Ce nom porte ainsi la marque des aspirations coloniales de la Chine envers les territoires de la région situés à son Nord-Ouest.

Déportations, viols, génocide culturel : la tragédie sans fin du peuple ouïghour

Après des décennies de politiques coloniales au Turkestan oriental depuis son occupation en 1949 − se traduisant par un racisme structurel, des inégalités socio-économiques et dans le système éducatif, des politiques répressives et violentes, et surtout, par une colonisation de peuplement −, une politique de violences d’Etat sans précédent a été mise en place. Un tournant a lieu en 2016, avec l’arrivée de Chen Quanguo au pouvoir dans la région ouïgoure, après avoir été secrétaire du parti communiste chinois au Tibet.

Depuis, on assiste à l’internement en camps de concentration de près de 3 millions de Ouïghours et autres minorités turcophones dans la région, à des stérilisations forcées causant une chute du taux de natalité de 50 % entre 2017 et 2019 (voire de plus de 80 % dans certaines préfectures), à la mise en place de programmes de travail esclavagiste au profit d’entreprises chinoises et de multinationales étrangères, à la séparation des enfants de leur famille et à leur transfert dans des pensionnats chinois, ou encore à la destruction de lieux culturels et religieux. La Chine tente de justifier l’injustifiable, en affirmant lutter contre « le terrorisme » ou « l’extrémisme », un discours opportun et à relents islamophobes qu’elle n’a adopté à l’égard de la population ouïgoure que depuis 2001, à la suite de la « guerre globale contre le terrorisme » lancée par l’administration Bush.

La liste des violences politiques systématiques perpétrées par le régime chinois est longue. Les faits sont désormais largement documentés. Nous pouvons désigner ces violations des droits humains comme constitutives de crimes contre l’humanité, et d’un génocide au sens de la Convention de Genève de 1948.

Cependant, la diaspora s’organise et est loin d’être impuissante en Europe, pour lutter contre les crimes génocidaires de la Chine. Par ailleurs, les mobilisations de la jeunesse – en particulier en France – ont démontré les nombreuses ressources des militantes et militants de la défense des droits humains. Cette volonté de défendre les droits et la vie des Ouïgours et autres minorités turciques doit désormais trouver un écho dans la rue.

Le 1er octobre, la République populaire de Chine fêtera ses 72 ans. En 1949, l’Armée populaire de libération envahissait la République du Turkestan oriental et la transformait, par la suite, en « région autonome ouïghour du Xinjiang », conduisant à des décennies de politiques visant à maîtriser la population locale et son territoire – particulièrement riche en ressources extractives, et ayant fait l’objet d’une quarantaine d’essais nucléaires.

Le 2 octobre, il nous faudra réagir. Une coalition d’organisations européennes de la diaspora ouïghour organise une marche à Paris. Nous invitons tout un chacun à répondre à notre appel et à être présent pour exiger la fin du génocide en cours contre les Ouïghours.

Cette marche sera l’occasion de remettre la crise ouïgoure au cœur de l’actualité et des préoccupations politiques, de refuser les célébrations nationalistes chinoises, de dénoncer les crimes commis par le régime chinois contre la nation ouïghoure et les autres minorités turciques, et de rappeler l’urgence de faire cesser les politiques génocidaires.

Ce sera aussi l’occasion de rappeler à la communauté internationale son devoir de réagir, son devoir de reconnaître et condamner le génocide, son devoir de ne pas devenir complice en commerçant et traitant avec le régime chinois tant que les Ouïghours ne seront pas libres.

C’est à ce titre que nous dénonçons l’accord d’investissement entre l’Union européenne et la Chine, suspendu mais non annulé, les jeux Olympiques d’hiver 2022 en Chine auxquels il est impensable de participer, ou encore la commercialisation des produits, en France et en Europe, issus du travail esclavagiste des Ouïghours.

Nous restons mobilisés pour mettre en lumière le rôle joué par les entreprises multinationales dans les crimes commis à l’encontre du peuple ouïgour. En ce sens, nous saluons l’ouverture d’une enquête pour recel de crimes contre l’humanité par la justice française suite à la plainte déposée par plusieurs de nos associations contre quatre géants de l’habillement, et appelons la justice française à se prononcer sur leur éventuelle responsabilité pénale.

Enfin, nous exigeons que des mesures soient prises à la hauteur des enjeux, et que les gouvernements européens reconnaissent et condamnent officiellement le génocide ouïgour.

Plusieurs Etats et parlements ont pris position et l’ont officiellement condamné : les parlements néerlandais, belge, lituanien, canadien, et du Royaume-Uni, le gouvernement des États-Unis, ou encore le Sénat tchèque. La France n’a pas encore franchi ce pas mais le Collectif de Solidarité avec les Ouïgours à l’Assemblée nationale a déposé une proposition de résolution allant dans ce sens. Une impulsion est nécessaire pour que ce texte soit mis à l’ordre du jour et voté. Une pétition publiée sur la plateforme Change.org a également été adressée à Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian.

Nous rappelons également que lutter contre ce génocide en cours, mené par la Chine à l’encontre des Ouïghours, est non seulement un devoir humain, mais aussi un devoir de défense de la démocratie et des droits humains en France, dans un monde où la surveillance technologique de masse se répand dangereusement et menace désormais la démocratie et les libertés individuelles.

Le peuple ouïghour a besoin de votre soutien, dans la rue, le samedi 2 octobre. Soyez présents en nombre à nos côtés à Paris, au départ de Bastille à 14 heures, pour refuser que le business prime sur les droits humains, et surtout pour réclamer des mesures fortes en France et en Europe afin de mettre un terme définitif au génocide ouïgour commis par la Chine.

Signataires co-organisateurs de la marche :

Institut ouïghour d’Europe
Congrès mondial ouïghour (World Uyghur Congress)
Belgium Uyghur Association

Uyghur Academy Europe
Den Norske Uighurkomiteen (Comité ouïgour de Norvège)
Union hollandaise des organisations du Turkestan oriental

 

Signatures des soutiens et partenaires :

Association Sherpa

SOS Racisme

ATTAC

Collages féminicides Paris

Youth For Climate

Students for a free Tibet/Etudiants pour un Tibet libre

Communauté tibétaine de France

Comité pour la liberté à Hongkong

Association de solidarité Mongole

ETAC

Lkhakar France

Afrique Hongkong France

Association Lumière de Chine

Association Falun Dafa France

Association Eveil de Chine

Comité de libération des prisonniers politiques

Collectif PAAF

Voix Déterres

Collectif Vietnam Dioxine

Auvergne Mainpat Tibet

Association musulmane de La Réunion

 

+ Vues