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05/11/21 | 15 h 49 min par Salomé Robles

TAÏWAN : 1ere représentation « officielle » du Parlement européen menée par Raphael GLUCKSMANN : » VOUS N’ÊTES PAS SEULS »

Raphaël Glucksmann et la présidente de Taiwan, Tsai Ing-wen, à Taipei, ce 4 novembre. (EPN/Newscom/SIPA)

« Taïwan n’est pas seule. L’Europe est à vos côtés pour défendre la liberté, la démocratie et la dignité humaine. »

Raphaël Glucksmann : «L’agressivité chinoise nous demande de soutenir Taïwan»

L’eurodéputé est à la tête de la première délégation officielle de parlementaires en visite à Taiwan. Dans un entretien à «Libération», il appelle l’Union européenne à un rapprochement politique avec le gouvernement taïwanais.

Après les sénateurs français, les députés européens. Une délégation de sept parlementaires de l’UE est, depuis ce mercredi, en visite officielle de trois jours à Taïwan, pays de 23 millions d’habitants revendiqué par Pékin. Menée par le Français Raphaël Glucksmann – interdit d’entrée en Chine en raison de son activisme sur la répression des Ouïghours au Xinjiang –, la délégation est officiellement en visite dans le cadre de la commission sur la désinformation et les ingérences étrangères (INGE) du Parlement européen.

Depuis juillet, l’institution considère en effet Pékin comme étant à la source «d’opérations de désinformation» au sein de l’Union. Taïwan se trouve au «premier front de la guerre politique de Pékin», selon un épais rapport de l’Irsem publié le mois dernier. Cette visite est aussi hautement symbolique : Taïpei compte sur le soutien international face à l’augmentation des manœuvres militaires chinoises à ses portes. «Notre message est simple : Taïwan n’est pas seul», a ainsi lancé Glucksmann, lors de sa rencontre avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen ce jeudi. Dans un entretien accordé à Taïpei pour Libération, l’eurodéputé revient …

La délégation du Parlement européen a fait l’éloge de la démocratie taïwanaise, alors que les autorités chinoises accentuent la pression et resserre son étau sur l’île.

« Nous sommes venus ici avec un message très simple et très clair: « vous n’êtes pas seuls ». Voici les mots prononcés par Raphaël Glucksmann à la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen lors d’une rencontre à Taipei ce jeudi. En plein contexte de regain de tensions entre le Chine et Taïwan, l’eurodéputé français est à la tête d’une délégation du Parlement européen sur l’île. Une première.

Cette visite de trois jours est la première représentation « officielle » du Parlement européen à Taïwan. Elle a néanmoins été froidement accueillie par Pékin, qui revendique une souveraineté totale sur ce qu’elle considère comme une province chinoise. Depuis plusieurs semaines, la Chine met la pression sur Taipei pour l’isoler sur la scène internationale et enrayer toute tentative d’émancipation de ce territoire.

« Trésor »

La démocratie taïwanaise est « trésor que tous les démocrates dans le monde devraient chérir et protéger », a déclaré Raphaël Glucksmann durant la visite. Sa délégation émane de la commission INGE, qui lutte contre les ingérences étrangères, et vise clairement à affirmer un soutien à Taipei dans son conflit avec la Chine. Le Parlement européen a choisi un camp.

« L’Europe est à vos côtés, à vos côtés pour défendre la liberté, l’État de droit et la dignité humaine », a martelé l’eurodéputé devant Tsai Ing-wen.

Si l’entente entre les États-Unis et Taïwan est ancienne et de plus en plus affirmée, l’île n’a pas vraiment de liens diplomatiques forts avec l’Europe. En octobre, le Parlement européen a voté une résolution visant justement à approfondir ces liens. Cette visite en est la première pierre.

Opposition de Pékin

Le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé son « fort mécontentement et son opposition ferme » à la visite de la délégation. Les parlementaires européens « doivent comprendre pleinement la complexité et la sensibilité de la question de Taïwan, respecter l’engagement de l’Union européenne envers le principe d’une seule Chine et préserver la base politique du développement des relations Chine-UE ».

Raphaël Glucksmann n’en est néanmoins pas à sa première passe d’armes avec les autorités chinoises. En mars, l’eurodéputé a été placé sur liste noire par Pékin, accusé de « porter gravement atteinte à la souveraineté et aux intérêts de la Chine et de propager des mensonges et de la désinformation ». En cause, sa forte mobilisation pour défendre la cause des Ouïghours contre les persécutions dont ils sont victimes dans la région chinoise du Xinjiang.

Une visite officielle au gouvernement de Taipei est vue par la Chine comme la reconnaissance de l’autonomie de Taïwan et comme un affront à l’indivisibilité de la nation. Au début du mois d’octobre, une délégation de quatre sénateurs français conduite par l’ancien ministre de la Défense Alain Richard s’était également rendu à Taïwan pour rencontrer la présidente.

À cette occasion, le parlementaire français avait qualifié l’île de « pays ». De la même manière, les autorités chinoises avait alors fait part de leur profond mécontentement, avertissant que ces pratiques portaient atteinte aux intérêts chinois ainsi qu’aux relations franco-chinoises.