La question ouïghoure va-t-elle hypothéquer un accord économique imminent ? Il faut dire qu’une semaine après de nouvelles révélations sur le travail forcé au Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, la signature d’un accord commercial avec Pékin fait mauvais effet. Selon une enquête du chercheur Adrian Zenz, publiée le 14 décembre par Libération et la BBC, un demi-million de Ouïghours sont employés de force dans les champs de coton de la région, où est produit 85 % du coton chinois. Une pratique condamnée par le Parlement européen dans une résolution d’urgence adoptée jeudi à une écrasante majorité (604 pour, 20 contre). Or, une fois signé par les Vingt-Sept, l’accord sino-européen devra être validé par le même Parlement, et des députés ont déjà prévenu qu’ils ne s’assiéront pas sur leurs principes. L’enjeu de cet accord bilatéral, dont les termes ne sont pas encore publics, est de faciliter l’accès des entreprises européennes au marché chinois, et vice-versa. «Avec la Chine, le problème majeur est la distorsion créée par les entreprises d’Etat qui bénéficient de subventions illimitées. Le but est de se mettre d’accord sur des principes de concurrence équitable. Et de poser ces premières briques avant le changement de président américain», analyse Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors, un think tank européen.