En introduction pour cet article, France -Tibet se permet de relayer ce post:
La Chine va siéger, les trois prochaines années, au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Ce choix fait bondir les défenseurs des droits humains.
Avec la Russie et Cuba notamment, la Chine fait partie de la quinzaine de pays élus par l’Assemblée générale des Nations Unies pour siéger, les trois prochaines années, auConseil des droits de l’Homme.
Ce choix offusque de nombreuses organisations de défense des droits humains en raison des violations commises par le pouvoir en place à Pékin. D’ailleurs, ce choix coïncide avec les 70 ans de la marche de l’armée chinoise sur le Tibet et, aujourd’hui, les Tibétains, comme d’autres minorités ethnico-religieuses, continuent d’être défavorisés voire persécutés en Chine.
Tout va pour le mieux dans le Xinjiang, vraiment ?
Une vidéo de propagande du pouvoir chinois qui circule sur internet prétend que tout va pour le mieux dans le Xinjiang. On y voit une jeune femme dénommée Zuli, âgée d’une vingtaine d’années. Elle explique qu’elle travaille pour l’office public de soutien à l’industrie et à l’informatique dans cette province du nord-ouest du pays. Elle ajoute que c’est grâce à l’aide de l’Etat qu’elle a pu sortir de la pauvreté et participer à la modernisation de sa région.
Le caractère multiethnique de la Chine est réduit à des manifestations folkloriques, tandis que le pouvoir chinois mise sur l’assimilation des minorités, quoi qu’en dise le porte-parole du gouvernement Wang Wenbin. « Dans le Xinjiang, la liberté de culte a été protégée », assure-t-il. « Les droits et les libertés de tous les groupes ethniques de Chine sont garantis par la loi – ce qui vaut également pour les Ouighours dans le Xinjiang. »
Internement de plus d’un million de musulmans ouïghours
Plusieurs ONG et les Nations unies dénoncent pourtant l’internement d’un million de musulmans ouïghours dans des camps. Là où les défenseurs des droits humains dénoncent les conditions carcérales, le pouvoir de Pékin prétend qu’il s’agit de centres de formation professionnelle.
L’ethnologue allemand Adrian Zenz étudie depuis des années la politique du gouvernement chinois vis-à-vis des minorités. Et il a établi l’existence de ce type de camps au Tibet aussi. « Ce sont des établissements fermés », raconte-t-il. « Ils sont entourés par des murs desquels il est impossible de sortir. Les gens y sont enfermés pendant trois mois, violentés par des militaires et on leur enseigne une soi-disant « culture politique », ensuite seulement on les forme à un métier ». Adrian Zenz assure que la situation est la même au Tibet. « Le problème, c’est que les gens ne vont pas dans ces camps de leur plein gré. »
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Plusieurs minorités discriminées
Sur 90 groupes ethniques présents en Chine, 56 sont reconnus comme de véritables peuples. Dans certains domaines, les membres de minorités sont mis en avant, comme dans l’accès à l’école ou à l’université. Dans d’autres domaines, ils subissent au contraire des discriminations, c’est ce que dénoncent par exemple les Tibétains, les Ouïghours, les Kazakhs, ou les Hui qui n’ont quasiment aucune possibilité de participer à la vie politique, à l’économie ou de travailler dans l’administration.
Des cultures niées
Dans la région autonome de Mongolie intérieure, dans le nord, les cours en langue mongole ont été annulés. Xi Haiming, originaire de la minorité mongole de cette région, a dû partir en exil en Allemagne dans les années 1990. « Les dirigeants chinois sont devenus fous », estime-t-il. « Un gouvernement doué de raison ne ferait jamais des choses pareilles. La Constitution chinoise garantit pourtant l’égalité entre les groupes ethniques et le droit des minorités à parler leur propre langue. »
Le président Xi Jinping considère pour sa part que la politique vis-à-vis des minorités est un succès. Et la situation dans la région du Xinjiang est une base solide, selon lui, pour garantir une paix et une stabilité durables.
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- Date 14.10.2020
- Auteur Steffen Wurzel, Sandrine Blanchard
- Dossier thématique Chine (République populaire de)