Les dirigeants chinois peuvent donc être fiers du chemin parcouru et l’on comprend que le président Xi Jinping en ait, le 18 décembre, dressé un bilan flatteur. Alors que l’autre grande puissance communiste, l’Union soviétique, s’effondrait et que certains prédisaient la victoire de l’Occident par KO idéologique, la Chine prenait son envol.
La leçon du maoïsme
Or, contrairement à ce qu’ont cru les Occidentaux, celle-ci ne s’est pas démocratisée. En 2012, le pouvoir, corrompu et divisé, a semblé débordé par une société civile en plein bouillonnement, grâce notamment aux réseaux sociaux. A ce moment-là, il vacille et paraît à beaucoup sur le point de s’effondrer. Mais c’est l’inverse qui se produit, sous la férule de son nouveau « timonier », Xi Jinping. Celui-ci a retenu la double leçon du maoïsme et du risque mortel qu’il y aurait à s’en émanciper : à tous les niveaux, la Chine doit être contrôlée par un Parti communiste dirigé d’une main de fer. « Le grand drapeau du socialisme flotte toujours sur la terre chinoise », a-t-il rappelé le 18 décembre.
L’Occident ne doit pas s’y tromper. Ce drapeau, Xi Jinping espère bien le hisser au-delà des frontières. La priorité accordée au développement a pour but d’« accroître la puissance globale de la Chine », car « un grand pays comme le [leur] mérite de grandes ambitions », a-t-il rappelé. En 2017, Xi Jinping a promis une « nouvelle ère », nous y sommes.
Le défi pour l’Occident est immense. Croire que la démocratie constitue le stade ultime et en quelque sorte naturel du développement a été une erreur. Au contraire, XI Jinping tente de convaincre ses concitoyens de la logique inverse : c’est parce que la Chine n’est pas une démocratie qu’elle a pu se développer si rapidement et les faire sortir de la pauvreté. Et il utilise, non sans succès, le même argument auprès des pays d’Asie, du Proche-Orient, d’Afrique, voire d’Europe, qu’il attire sur ses « nouvelles routes de la soie ».
L’histoire est loin d’être écrite. La Chine reste un pays corrompu, ses élites envoient, dès qu’elles le peuvent, argent et famille à l’étranger, et la situation économique est sans doute moins brillante que les statistiques officielles ne l’indiquent. Par ailleurs, avec son régime autoritaire et la surveillance orwellienne de sa population, la Chine inquiète autant qu’elle séduit et, dans un certain nombre de pays, les électeurs sanctionnent les dirigeants qu’ils jugent trop proches de Pékin. Reste que l’Occident est pour le moment incapable de tirer les conséquences de la montée en puissance accélérée de ce nouveau rival. Il y a pourtant urgence.
image : Le président Xi Jinping, (en bas au centre) lors de son discours pour le quarantième anniversaire de l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, à Pékin, le 18 décembre. Mark Schiefelbein / AP